Page d'accueil > Propos du porte-parole du MAE
Conférence de presse du 11 avril 2022 tenue par le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères Zhao Lijian

2022-04-11 22:43

Agence de presse Xinhua : Lors des réunions des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN les 6 et 7 avril, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a accusé la Chine de « ne pas vouloir condamner l’agression de la Russie » contre l’Ukraine. Il a déclaré : « Beijing s’est joint à Moscou pour remettre en question le droit des nations à choisir leur propre voie. C’est un sérieux défi pour nous tous ». L’OTAN 2030, le nouveau concept stratégique, tiendra compte pour la première fois des défis systémiques posés à la sécurité des démocraties par « l’influence croissante et les politiques coercitives » de la Chine. Quel est le commentaire de la Chine ?

Zhao Lijian : Depuis un certain temps, le chef de l’OTAN, au mépris des faits et confondant le noir et le blanc, a lancé des accusations sans fondement, des calomnies et des attaques contre la Chine. Il a fait des commentaires irresponsables sur la politique étrangère de la Chine, a mené un grand tapage sur la « menace chinoise » et a même recouru récemment à la coercition à l’encontre de la Chine. La Chine est fortement mécontente et s’oppose fermement à ces agissements, et a fait des démarches solennelles auprès de l’OTAN à de nombreuses reprises.

En tant que plus grande alliance militaire née de la guerre froide, l’OTAN a longtemps adhéré à un concept de sécurité obsolète, s’est engagée dans une confrontation des blocs avec les tactiques de l’ancienne guerre froide et s’est réduite à un outil d’hégémonie pour une poignée de pays. Tout en prétendant être une organisation défensive, l’OTAN n’a en réalité cessé de créer des problèmes et des confrontations. Tout en demandant aux autres pays de respecter les normes fondamentales régissant les relations internationales, l’OTAN a délibérément mené des guerres contre des pays souverains et largué des bombes aveuglément, ce qui a entraîné la mort et le déplacement de civils. L’OTAN, organisation militaire de l’Atlantique Nord, s’est rendue en Asie-Pacifique pour montrer ses muscles et provoquer des tensions ces dernières années. L’OTAN a franchi les limites de ses régions et domaines de prédilection et prêche une nouvelle guerre froide de confrontation des blocs. La communauté internationale doit rester très vigilante à cet égard et s’y opposer fermement.

La Chine a toujours été un bâtisseur de la paix mondiale, un contributeur au développement mondial et un défenseur de l’ordre international. Nous poursuivrons sans relâche la voie du développement pacifique. Le développement de la Chine représente des opportunités pour le monde, et non une menace pour quiconque. L’OTAN doit immédiatement cesser de diffuser des informations erronées et des remarques provocatrices à l’encontre de la Chine, et abandonner l’approche conflictuelle consistant à tracer des lignes idéologiques. L’OTAN a perturbé l’Europe. Elle devrait cesser d’essayer de déstabiliser l’Asie et le monde entier.

China Daily : Le 10 avril, cela faisait cinquante ans que la Convention sur les armes biologiques était ouverte à la signature. Quel est votre commentaire ? La Conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques aura lieu cette année. Quelles sont les propositions de la Chine dans les circonstances actuelles ?

Zhao Lijian : Le 10 avril 2022 marquait le 50e anniversaire de l’ouverture à la signature de la Convention sur les armes biologiques. Pierre angulaire du droit international en matière de biosécurité, la Convention est le premier traité multilatéral interdisant une catégorie entière d’armes de destruction massive (ADM). Elle donne également aux États parties le droit d’utiliser la biotechnologie à des fins pacifiques. Au cours des 50 dernières années, les deux piliers de la Convention, à savoir la sécurité et le développement, se sont renforcés, la mise au point, la production et l’utilisation d’armes biologiques sont devenues une ligne rouge absolue, et les progrès de la biotechnologie ont considérablement amélioré le bien-être des populations.

La Conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques, qui se tient tous les cinq ans, aura lieu cette année. La communauté internationale devrait en profiter pour faire le point sur les réalisations et les défis de ces 50 dernières années, et prendre des actions concrètes dans un esprit de solidarité et de coopération. Il est particulièrement important de reprendre les négociations sur un protocole de vérification dans le cadre de la Convention sur les armes biologiques, qui sont au point mort depuis plus de 20 ans, afin de véritablement garantir le respect de la Convention par la vérification. Il s’agit de la manière fondamentale de résoudre les dossiers brûlants actuels et d’une pierre de touche pour vérifier si chaque pays est sincère dans sa volonté de respecter la Convention.

La Chine a été victime des armes biologiques. La Chine préconise toujours l’interdiction totale et la destruction complète de tous les types d’ADM et s’oppose fermement à la mise au point, à la possession ou à l’utilisation d’armes biologiques par tous les pays. La Chine remplit strictement ses obligations au titre de la Convention sur les armes biologiques, reste attachée au renforcement des mécanismes de la Convention, appelle activement à la reprise des négociations sur un protocole de vérification et défend une approche objective et juste dans le traitement des questions du respect de la Convention par les pays concernés. La Chine défend fermement le droit légitime des pays en développement à bénéficier des dividendes du développement biotechnologique. Nous avons plaidé notre cause lors de l’Assemblée générale des Nations unies qui, pour la première fois, a approuvé la résolution sur les utilisations pacifiques et a préconisé une coopération internationale juste, ouverte et inclusive. La Chine a collaboré avec le gouvernement et la communauté scientifique des pays concernés pour conclure les Lignes directrices de Tianjin en matière de biosécurité pour les codes de conduite des scientifiques, apportant une nouvelle contribution à la promotion du concept d’une recherche responsable en sciences biologiques.

La Chine travaillera comme toujours avec la communauté internationale pour obtenir des résultats substantiels de la Conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques et jouera un rôle plus important dans la réalisation de la sécurité universelle et du développement commun dans de nouvelles circonstances.

AFP : Vendredi, un tir de missile sur une gare de la ville ukrainienne de Kramatorsk a tué 52 personnes, dont des enfants. Qui la Chine tient-elle pour responsable de cette attaque ?

Zhao Lijian : La Chine attache de l’importance à la situation humanitaire en Ukraine et est très préoccupée par les dommages causés aux civils. Nous avons présenté une initiative en six points sur l’amélioration de la situation humanitaire et pris des actions concrètes pour fournir une aide humanitaire d’urgence à l’Ukraine. Vous venez d’évoquer le reportage sur l’attaque d’une gare. Toute la lumière doit être faite sur l’incident. En même temps, nous pensons que les questions humanitaires ne doivent pas être politisées. Toute accusation doit être fondée sur des faits. Avant que la conclusion de l’enquête ne soit tirée, toutes les parties doivent faire preuve de retenue et éviter les accusations infondées. 

Hubei Media Group : Lors d’une récente audition de la Commission des Affaires étrangères du Sénat américain sur les relations entre la Chine, d’une part, et l’Amérique latine et les Caraïbes, d’autre part, les sénateurs concernés et les responsables du Département d’État, de l’Agence pour le développement international des États-Unis et de la Société de financement du développement international des États-Unis ont déclaré que, par le biais de l’Initiative « la Ceinture et la Route », de la désinformation, de la manipulation et de la surveillance des télécommunications et d’autres moyens, la Chine a porté atteinte aux intérêts économiques et de développement des États d’Amérique latine et des Caraïbes et menacé la démocratie, la liberté et la sécurité dans la région. Ils ont déclaré que les États-Unis organiseront le 9e Sommet des Amériques pour contrer l’engagement de la Chine. Avez-vous un commentaire à faire ? 

Zhao Lijian : Ces individus américains lancent des accusations sans fondement et fabriquent des rumeurs pour salir la Chine. 

La Chine et les États d’Amérique latine et des Caraïbes sont tous des pays en développement. A la lumière du concept de respect mutuel, d’égalité, de bénéfice mutuel, de coopération gagnant-gagnant, d’ouverture et d’inclusion, la Chine mène une coopération avec ces pays sur la base du respect des besoins et des intérêts respectifs. Depuis l’apparition de la COVID-19, la Chine a apporté un soutien important aux pays de la région dans la lutte contre la pandémie, la revitalisation du développement socio-économique et l’amélioration du bien-être de la population, ce qui a été largement salué par les pays.

Diverses coopérations internationales avec l’Amérique latine et les Caraïbes pourraient se dérouler en parallèle, se compléter et se renforcer mutuellement. La Chine est prête à poursuivre la coopération trilatérale et multilatérale sur la base du respect de la volonté des pays de la région afin d’agrandir le gâteau pour des résultats gagnant-gagnant.

Nous espérons que certains, du côté américain, abandonneront les préjugés, se débarrasseront du complexe dépassé de la doctrine Monroe et de la mentalité de la guerre froide, cesseront de diffuser des informations erronées sur la Chine, cesseront de contraindre les États d’Amérique latine et des Caraïbes à choisir leur camp et cesseront de semer la discorde entre la Chine et les États d’Amérique latine et des Caraïbes.

CCTV : Nous avons noté que, depuis l’escalade du conflit entre la Russie et l’Ukraine, les États-Unis ont imposé des sanctions économiques tous azimuts à la Russie, portant un coup à l’économie et au bien-être de la population russes et exerçant un impact grave sur les marchés mondiaux de l’énergie, de l’alimentation et des finances. Les pays européens, qui dépendent fortement des importations d’énergie en provenance de Russie, sont les plus touchés par ces sanctions. La Chine a-t-elle un commentaire à faire à ce sujet ?

Zhao Lijian : J’ai également noté de nombreux reportages similaires. Depuis l’éclatement de la crise ukrainienne, les États-Unis font fréquemment pression sur les pays pour qu’ils sanctionnent la Russie, et ceux qui refusent de le faire paieront un « prix ». Cependant, l’intensification des sanctions ne contribuera pas à apaiser la situation, mais créera de nouveaux problèmes dans un monde aux prises avec la pandémie. Par exemple, le prix de l’énergie en Europe a récemment atteint un niveau record, et les habitants de nombreux pays ont commencé à payer plus cher l’électricité, le chauffage, les transports, la nourriture et certains produits de première nécessité. Ceux qui souffrent encore plus que les autres sont les pays en développement dont les bases économiques sont faibles. Leur développement économique et leur stabilité sociale sont gravement menacés, ce qui risque de provoquer des turbulences politiques.

Si l’on revoit l’histoire des sanctions américaines depuis des années, les exemples de ce type abondent. Les sanctions imposées par les États-Unis à Cuba, à l’Iran, au Venezuela, à l’Afghanistan et à d’autres pays ont gravement compromis le bien-être de la population et le développement économique et social des pays concernés, et ont provoqué des catastrophes humanitaires. Comme l’ont noté certains médias, les États-Unis sont la seule « superpuissance des sanctions » dans le monde. Ils utilisent les sanctions comme outil pour maintenir leur hégémonie et rechercher des intérêts illégaux. 

Tout en prétendant défendre la justice par le biais des sanctions, les États-Unis exploitent en réalité les sanctions pour des gains mal acquis. Leur programme égoïste derrière la rhétorique de la « punition de la Russie » en est le dernier exemple. Sur la base de leurs calculs astucieux, les États-Unis s’assurent une affaire très lucrative en demandant aux pays de l’UE de couper le commerce avec la Russie tout en renforçant les liens entre les États-Unis et l’Europe dans des secteurs tels que l’énergie et la sécurité. Plus ironique encore, alors qu’ils brandissent le bâton des sanctions contre la Russie, les États-Unis se livrent à une frénésie de chasse aux bonnes affaires en Russie. Ils tentent de persuader l’Europe d’interdire complètement le pétrole et le gaz russes, mais ont eux-mêmes augmenté leurs achats. Certains médias américains ont rapporté que les sanctions imposées par les États-Unis et leurs alliés à la Russie ont permis à des institutions financières de Wall Street, telles que Goldman Sachs et JPMorgan Chase, d’acquérir des obligations dépréciées de sociétés russes. Y a-t-il une quelconque moralité dans ces sanctions ? Permettent-elles vraiment de sauvegarder la paix et la stabilité européennes et mondiales ? La réponse à ces deux questions est clairement négative.

Les États-Unis n’ont pas le droit de forcer les populations d’autres pays à payer pour leurs gains stratégiques égoïstes. Si les États-Unis espèrent vraiment désamorcer la situation en Ukraine, ils doivent cesser d’exploiter le chaos en vue d’intérêts personnels, promouvoir sérieusement les pourparlers de paix et favoriser la paix par des actions concrètes.

Shenzhen TV : Nous avons remarqué que certains Européens de la communauté stratégique ont récemment écrit des articles ou se sont exprimés pour réfléchir au rôle que les États-Unis et d’autres pays occidentaux ont joué dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Ils estiment que les États-Unis et l’Occident en assument d’importantes responsabilités. Avez-vous un commentaire à faire ?

Zhao Lijian : Depuis un certain temps, nous entendons des voix raisonnables sur la situation entre la Russie et l’Ukraine de la part de plus en plus de personnes au sein de la communauté internationale. Leur réflexion sur le contexte historique de la question ukrainienne et l’initiateur de la situation actuelle mérite l’attention. 

J’ai noté que certains stratèges européens estiment que les États-Unis sont « le plus grand pyromane » dans le conflit. Ils ont allumé les flammes de la guerre et ont laissé le trouble en Europe. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine est, dans une large mesure, le résultat de l’arrogance de l’Occident et de ses erreurs successives au cours des plus de trente dernières années, et l’expansion de l’OTAN vers l’est est la cause profonde du conflit actuel. Cette opinion coïncide avec l’avertissement lancé par George Kennan, Henry Kissinger et d’autres membres de la communauté stratégique américaine. Il y a trente ans, les États-Unis pensaient pouvoir dominer le monde et se croire tout permis après avoir remporté la guerre froide. Au cours des 30 années qui ont suivi, ils ont œuvré à cinq vagues d’expansion de l’OTAN vers l’est, de manière pompeuse, au mépris des préoccupations de la Russie en matière de sécurité. Comme les gens du monde entier peuvent le constater, au lieu d’apporter la paix, l’expansion de l’OTAN a entraîné une grave détérioration de la confiance mutuelle, ainsi que des troubles et des tensions régionales, au point que la situation devienne incontrôlable. 

Dans les circonstances actuelles, la paix est l’aspiration commune et le dialogue est la tendance générale. Il est peu judicieux d’agir de manière irréfléchie et d’attiser les tensions. La communauté internationale devrait élargir la fenêtre d’opportunité afin que l’aurore de la paix puisse dissiper les nuages sombres du conflit. Cependant, les États-Unis continuent de dresser toutes sortes d’obstacles à la paix, ce qui ne fera qu’aggraver la situation et entraîner davantage de souffrances en Ukraine. Cela va à l’encontre de la mission et du chemin de la paix.

Depuis l’éclatement de la crise ukrainienne, la Chine s’est engagée à promouvoir les pourparlers de paix, en déployant des efforts actifs pour promouvoir la désescalade. Nous défendons une vision de la sécurité commune, globale, coopérative et durable. Nous pensons que la mentalité de la confrontation des blocs et la logique des sanctions unilatérales sont dépassées. Les États-Unis devraient assumer la responsabilité qui leur incombe et réfléchir sérieusement au rôle peu reluisant qu’ils ont joué dans la crise. L’OTAN, vestige de la guerre froide, doit s’adapter à l’évolution des temps et des circonstances, suivre la tendance à la paix, au développement et à la coopération, et défendre la paix et la stabilité régionales et mondiales par des actions concrètes.

Reuters : Vous venez de parler de la nécessité du dialogue. Quand la Chine va-t-elle avoir un dialogue de haut niveau avec le président Volodymyr Zelenskyy ?

Zhao Lijian : La Chine a exposé sa position sur la question de l’Ukraine à de multiples occasions. La Chine estime toujours que la crise ukrainienne ne peut être résolue que par le dialogue et la négociation. La Chine soutient tous les efforts propices à l’apaisement de la situation et à un règlement politique. Et la Chine s’oppose à toutes les actions qui ne favorisent pas une solution diplomatique, mais aggravent plutôt la situation en attisant le feu et en jetant de l’huile sur le feu. Depuis l’éclatement de la crise ukrainienne, la Chine a activement encouragé les pourparlers de paix, s’est prononcée et a œuvré en faveur de la paix. Je suis sûr que vous avez noté que le conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères Wang Yi s’est entretenu avec le ministre ukrainien des Affaires étrangères. Pour ce qui est de votre question spécifique, nous publierons plus d’informations en temps utile s’il y en a. Je n’ai rien à offrir pour l’instant.

Reuters : Encore à propos du dialogue. La Chine a-t-elle demandé à Vladimir Poutine de parler directement avec Volodymyr Zelenskyy ?

Zhao Lijian : Les échanges de haut niveau ont été maintenus entre la Chine et la Russie. Le président Xi Jinping a eu une conversation téléphonique avec le président Poutine, et le conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères Wang Yi s’est entretenu avec le ministre des Affaires étrangères Lavrov. Dans toutes ces réunions et d’autres réunions bilatérales entre la Chine et la Russie, la Chine a appelé la Russie et l’Ukraine à résoudre le problème par le dialogue et la négociation. La Chine croit toujours que seuls le dialogue et la négociation peuvent résoudre la question de l’Ukraine. 

AFP : J’aimerais revenir sur l’attaque de Kramatorsk. L’Ukraine et la Russie se sont mutuellement accusées de cette attaque, alors que les États-Unis, l’UE et le Royaume-Uni ont accusé la Russie. La Chine pense-t-elle également que la Russie en est responsable ?

Zhao Lijian : J’ai également noté que la Russie et l’Ukraine ont chacune leur version des faits, et elles diffèrent grandement. Compte tenu de ce qui s’est passé en Syrie et dans d’autres endroits, il faut tirer des conclusions sur la base des faits. La Chine soutient une enquête juste, indépendante et transparente sur l’incident. Avant cela, toutes les parties devraient faire preuve de retenue et éviter de porter des accusations infondées et d’envenimer la situation.

AFP : Une question complémentaire sur ce point. Pensez-vous donc qu’il est possible que les responsables ukrainiens mentent sur l’identité des auteurs de l’attaque ou qu’ils aient pu lancer cette attaque contre leurs propres civils ? 

Zhao Lijian : Je viens d’exposer très clairement la position de la Chine. La Russie et l’Ukraine ont chacune leur version des faits. Ce n’est qu’après une enquête indépendante et juste que la vérité pourra être établie.

The Paper : The Hill a publié un article l’autre jour disant que depuis l’éclatement du conflit entre la Russie et l’Ukraine, la Russie compte de plus en plus sur la Chine sur le plan économique. Cependant, la Chine adopte une stratégie de long terme avec la Russie et s’attend à ce que, lorsque le conflit sera terminé, la Russie puisse louer ou même vendre de grandes parties de l’Extrême-Orient russe à la Chine. Quel est le commentaire de la Chine ? La Chine emploie-t-elle cette stratégie ?

Zhao Lijian : Nous avons pris note du reportage concerné. Il s’agit d’une nouvelle édition de la « théorie de la menace chinoise », dont l’objectif fondamental est de semer la discorde entre la Chine et la Russie. Nous suggérons au média concerné de lire attentivement le Traité de bon voisinage et de coopération amicale entre la Chine et la Russie, qui a été prolongé l’année dernière. Les deux parties ont déclaré explicitement qu’elles ont complètement résolu les problèmes frontaliers légués par l’histoire, qu’aucune n’a de revendication territoriale sur l’autre partie et que toutes deux sont résolues à faire des efforts actifs pour faire de la frontière entre les deux pays une frontière où règnent une paix et une amitié éternelles. Depuis plus de deux décennies, nous avons honoré notre engagement par des actions concrètes. Je tiens à réaffirmer que la Chine et la Russie ne cherchent pas à former une clique exclusive et qu’il est tout simplement impossible de semer la discorde entre nous. Les relations Chine-Russie peuvent résister à la nouvelle épreuve des aléas internationaux. Nous espérons que certaines personnes s’abstiendront de rabâcher la soi-disant question territoriale Chine-Russie. De telles rumeurs n’ont aucune audience dans les deux pays et ne mèneront nulle part.

Je tiens également à souligner que la question de l’Ukraine s’inscrit dans un contexte historique complexe. Avec une attitude objective et juste, la Chine a pris ses décisions de manière indépendante et a exposé ses positions selon la réalité des faits. La Chine n’est pas une partie directement liée à la question, mais elle s’est engagée à promouvoir les pourparlers de paix et à jouer un rôle constructif dans la recherche d’un règlement pacifique de la crise. Certaines puissances occidentales, en revanche, se sont employées à jeter de l’huile sur le feu pour créer de nouveaux problèmes, tout en associant la crise ukrainienne aux relations entre la Chine et la Russie afin d’exploiter la situation pour leurs objectifs stratégiques cachés. Ce n’est pas une pratique qui sied à un grand pays responsable. La Chine s’y oppose fermement. 

Reuters : Vous venez de dire que la Chine a activement promu la paix. La Russie a dit qu’elle allait se concentrer sur l’est de l’Ukraine dans ses opérations. Il semble qu’il va y avoir des batailles acharnées dans l’est de l’Ukraine. La Chine a-t-elle demandé à la Russie de se retenir et d’éviter la perte de plus de vies en Ukraine ?

Zhao Lijian : Nous avons pleinement élaboré la position de la Chine sur la question de l’Ukraine. La Chine estime toujours que le dialogue et la négociation sont la seule bonne voie pour résoudre la question de l’Ukraine. La Chine soutient la Russie et l’Ukraine dans la poursuite des pourparlers de paix, malgré les difficultés. Nous nous félicitons également du soutien conjoint de la communauté internationale aux pourparlers de paix entre la Russie et l’Ukraine et des efforts déployés pour maintenir la dynamique des négociations en vue d’une issue pacifique. La Chine continuera à jouer un rôle constructif dans la promotion des pourparlers de paix, à sa manière.

Bloomberg : Des chercheurs américains ont accusé huit producteurs d’aluminium opérant au Xinjiang de bénéficier du travail forcé soutenu par le gouvernement, et ont appelé les industries, notamment le secteur automobile, à réexaminer les chaînes d’approvisionnement mondiales qui dépendent de la production chinoise en amont. Quel est le commentaire du Ministère des Affaires étrangères à ce sujet ?

Zhao Lijian : J’ai pris note des reportages concernés. Le gouvernement chinois accorde une grande attention à la protection des droits et des intérêts des travailleurs. Nous protégeons le droit à l’égalité d’emploi, le droit à l’égalité de participation à la vie économique et sociale, et le droit à l’égalité d’accès aux résultats du développement des travailleurs de tous les groupes ethniques. L’accusation de travail forcé dans le Xinjiang chinois est un gros mensonge concocté par certaines forces antichinoises aux États-Unis et dans d’autres pays occidentaux, sans aucune base factuelle. La vérité a démasqué le mensonge à maintes reprises. La justice prévaudra toujours. Nous espérons que ces soi-disant chercheurs, politiciens et entreprises sauront respecter les faits objectifs et distinguer le vrai du faux. 

Reuters : L’ancien Premier ministre pakistanais, Imran Khan, a été évincé après un vote de défiance. La Chine s’inquiète-t-elle de ce que ce changement de leadership pourrait signifier pour les relations Chine-Pakistan ?

Zhao Lijian : La Chine a pris note du changement politique au Pakistan. En tant que voisin proche et ami à toute épreuve du Pakistan, la Chine espère sincèrement que toutes les parties pakistanaises pourront rester unies et préserver ensemble l’intérêt général de la stabilité et du développement du pays. Je tiens à souligner que, quelle que soit l’évolution de la situation politique au Pakistan, la Chine suivra inébranlablement la politique d’amitié envers le Pakistan. Nous sommes convaincus que le changement politique au Pakistan n’affectera pas la situation générale des relations Chine-Pakistan. 

AFP : La Chine s’en tient à la politique zéro COVID à Shanghai, même si le nombre de cas quotidiens y reste élevé et que des milliers de patients ont été isolés alors qu’ils ne présentaient aucun symptôme. Craignez-vous que cette politique commence à perdre de son efficacité ? Comment la Chine envisage-t-elle d’aller au-delà de la politique zéro COVID et vers une réouverture totale du pays ?

Zhao Lijian : Alors que le monde continue d’être aux prises avec la résurgence de la pandémie de COVID-19, le gouvernement chinois place le peuple et la vie humaine au premier plan et suit la politique zéro COVID, ce qui démontre son sens des responsabilités envers les peuples de Chine et du reste du monde. Plus de deux ans après le début de la pandémie, la Chine est l’un des pays où le taux d’infection et le taux de mortalité sont les plus bas. Comme cela a été prouvé dans la pratique, la politique antiépidémique de la Chine est conforme à ses réalités nationales, répond à la nécessité de combattre la COVID-19, fonctionne efficacement et contribue de manière significative à la lutte mondiale contre la pandémie. Un responsable de l’OMS a déclaré l’autre jour que la Chine a adopté des mesures très puissantes pour endiguer la COVID-19, enregistrant un taux d’infection, un taux de mortalité et un taux d’hospitalisation très bas. Même au milieu de la pandémie, l’économie et la société chinoises peuvent maintenir un fonctionnement sain. On pense que le gouvernement chinois peut offrir une protection maximale à sa population.

Vous avez posé une question sur la situation de l’épidémie à Shanghai. Le gouvernement central et les provinces et villes concernées attachent une grande importance à la situation de l’épidémie dans cette municipalité. Un grand nombre de personnel médical et de volontaires ainsi que d’énormes quantités de fournitures viennent au secours de Shanghai depuis tout le pays. Reste forte, Shanghai ! Nous sommes tous là pour vous. Nous sommes convaincus qu’avec la direction du PCC, la solidarité de toute la nation et l’aide de toutes les régions du pays, Shanghai maîtrisera bientôt l’épidémie. Nous avons une confiance absolue dans la maîtrise des infections partout en Chine. Nous finirons par vaincre la COVID-19. J’aimerais terminer sur cette note : toute pandémie et toute guerre finissent par avoir une fin.

AFP : Selon les médias, la Serbie a pris livraison d’un système anti-aérien chinois ce week-end. La Chine peut-elle le confirmer ? Et contient-il des avions de transport Y-20 et des missiles sol-air HQ-22 comme cela a été rapporté ? Et cet accord est-il lié à la guerre en cours en Ukraine ?

Zhao Lijian : Afin de mettre en œuvre le plan de coopération bilatérale, la Chine a récemment envoyé des avions de transport de l’armée de l’air pour livrer des fournitures militaires conventionnelles à la Serbie. Il s’agit d’un projet de coopération qui s’inscrit dans le cadre de notre plan annuel. Nous espérons que les médias concernés éviteront de surinterpréter. Ce projet ne vise aucune tierce partie et n’a rien à voir avec la situation actuelle.

Bloomberg : Deux questions complémentaires. Le rapport d’Horizon Advisory, une société de conseil basée aux États-Unis, que j’ai mentionné plus tôt, a soulevé des inquiétudes concernant la production d’aluminium. Avez-vous un commentaire à faire sur l’utilisation éventuelle du travail forcé dans l’industrie de l’aluminium et sur le rapport lui-même ? Et la deuxième question complémentaire concerne Imran Khan : le Ministère des Affaires étrangères a-t-il des commentaires sur les affirmations d’Imran Khan concernant l’ingérence des États-Unis ?

Zhao Lijian : En ce qui concerne votre première question, j’ai déjà exprimé très clairement la position de la Chine à l’instant. La conclusion tirée par les chercheurs américains n’est rien d’autre qu’une diffamation malveillante contre la Chine. Le soi-disant « travail forcé » au Xinjiang est un mensonge du siècle.

Pour ce qui est de votre deuxième question, la Chine s’oppose toujours à l’ingérence de tout pays dans les affaires intérieures des autres. Je vous renvoie à la partie pakistanaise ou à la partie américaine pour votre question spécifique.

AFP : Une question complémentaire sur la question de la Serbie. Vous venez de dire qu’il s’agissait d’un arrangement bilatéral entre la Chine et la Serbie et qu’il ne visait pas une tierce partie. Mais la Chine ne craint-elle pas que la réalisation de transferts d’armes de ce type menace ce qui est actuellement une paix très fragile dans cette partie de l’Europe ? 

Zhao Lijian : Que voulez-vous dire par cette question ? Vous êtes-vous jamais soucié de savoir si la paix et la stabilité régionales étaient menacées lorsque les États-Unis vendaient des armes à l’Europe et à Taïwan ? Pourquoi pensez-vous que c’est le cas lorsque la Chine vend des fournitures militaires conventionnelles à la Serbie ?


[ Envoyer ce lien à un ami ]
  [ Imprimer ]