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Conférence de presse du 27 mai 2022 tenue par le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères Wang Wenbin

2022-05-27 22:50

Bloomberg : La Chine a accordé au Sri Lanka un prêt pour aider le pays à payer les produits de consommation essentiels et les engrais, selon un reportage du Financial Times citant le Premier ministre sri-lankais. Le Ministère des Affaires étrangères peut-il confirmer cette information et pourriez-vous fournir plus de détails ?

Wang Wenbin : Je voudrais vous renvoyer aux autorités compétentes pour les détails. Je tiens à réaffirmer que la Chine est pleinement consciente des difficultés et des défis auxquels le Sri Lanka est confronté et qu’elle est prête à jouer un rôle constructif dans le développement économique et social régulier du Sri Lanka.  

CCTV : De nombreux pays, dont l’Argentine, ont exprimé leur volonté de rejoindre les BRICS depuis le début de cette année. Le porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères a déclaré le 25 mai que la Russie soutient l’élargissement des BRICS proposé par la Chine. Alors que la Chine assume la présidence des BRICS cette année, quelle est la considération de la Chine sur l’élargissement ?

Wang Wenbin : Les BRICS constituent un mécanisme important de coopération entre les marchés émergents et les pays en développement, ainsi qu’une plateforme clé pour la coopération Sud-Sud. Depuis leur création il y a 16 ans, les BRICS ont maintenu une bonne dynamique de développement, la coopération pragmatique dans divers domaines s’approfondissant et se renforçant. Ils sont devenus une force positive, stable et constructive sur la scène internationale, avec une influence et un attrait internationaux croissants. 

Depuis leur création, les BRICS sont étroitement liés au destin des marchés émergents et des pays en développement. Ayant achevé son premier élargissement, la Nouvelle banque de développement (NDB) apportera un soutien financier à davantage de pays en développement et augmentera sa voix et son influence dans le système financier international. Face aux changements et à une pandémie inédits depuis un siècle, auxquels s’ajoutent des dossiers internationaux brûlants, les pays BRICS conviennent qu’il est important de renforcer la coopération avec les autres marchés émergents et pays en développement, d’améliorer la représentation des BRICS, de faire entendre plus largement la voix des BRICS sur les questions internationales et régionales d’importance majeure, de relever ensemble les défis et de défendre les intérêts communs et l’espace de développement des marchés émergents et des pays en développement.  

En tant que pays assurant la présidence des BRICS cette année, la Chine soutient activement le lancement du processus d’expansion des BRICS et l’élargissement de la coopération « BRICS Plus ». La récente réunion des ministres des Affaires étrangères des BRICS est parvenue à un consensus sur le processus d’expansion des BRICS et a organisé la première réunion des ministres des Affaires étrangères des « BRICS Plus », ce qui montre bien que la coopération des BRICS est ouverte et inclusive. La Chine travaillera avec les parties des BRICS pour continuer à avoir des discussions approfondies sur l’expansion des BRICS et déterminer les normes et procédures à cet effet sur la base d’un consensus. Nous attendons avec impatience que davantage de partenaires nourrissant les mêmes idéaux rejoignent la grande famille des BRICS. 

Nikkei : Le conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères Wang Yi effectuera bientôt une visite virtuelle dans les États fédérés de Micronésie (EFM). Quelles activités sont prévues ? Par ailleurs, les EFM ont signé le Traité de libre association (COFA) avec les États-Unis. Avez-vous un commentaire à faire ?

Wang Wenbin : Avant de répondre à votre question, j’aimerais vous informer de la visite que le conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères Wang Yi vient d’effectuer dans les îles Salomon. Hier, lors de sa visite dans les îles Salomon, le ministre des Affaires étrangères Wang Yi a rencontré le Premier ministre des îles Salomon, Manasseh Sogavare, et s’est entretenu avec le gouverneur général par intérim des îles Salomon, Patteson Oti. Il s’est également entretenu avec le ministre des Affaires étrangères des îles Salomon, Jeremiah Manele, et a rencontré la presse avec lui. 

Le conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères Wang Yi a déclaré que l’amitié, peu importe quand elle arrive, mérite d’être chérie. Les relations diplomatiques entre la Chine et les îles Salomon ont été établies il n’y a pas très longtemps, mais elles ont connu un bon départ et témoignent d’un développement régulier et rapide. Les deux pays voient une confiance mutuelle politique de plus en plus profonde et de larges perspectives de coopération pragmatique et sont devenus des amis proches avec une confiance mutuelle et de bons partenaires avec un soutien mutuel. Les faits ont prouvé que la décision politique des îles Salomon d’établir des relations diplomatiques avec la Chine est totalement conforme à la tendance au développement et au progrès de notre époque ainsi qu’aux intérêts fondamentaux et à long terme du peuple des îles Salomon. La Chine est disposée à travailler avec les îles Salomon dans l’esprit de saisir le jour et l’instant présent et de mettre en valeur l’avantage de l’étoile montante, afin de renforcer les relations bilatérales et de promouvoir une coopération plus approfondie pour apporter davantage de bénéfices aux deux peuples. 

Le conseiller d’État Wang Yi a ensuite exposé trois principes pour promouvoir la coopération en matière de sécurité entre la Chine et les îles Salomon.

Premièrement, nous respectons pleinement la souveraineté nationale des îles Salomon. La coopération entre la Chine et les îles Salomon est fondée sur les besoins et les exigences des îles Salomon, sur le principe du consentement des îles Salomon et sur la base d’une consultation d’égal à égal. Il n’est jamais dans la politique étrangère de la Chine, ni dans son style, d’imposer des accords aux autres, de s’immiscer dans les affaires intérieures des îles Salomon ou de porter atteinte aux intérêts d’autres pays.

Deuxièmement, nous contribuons à maintenir la stabilité sociale des îles Salomon. La coopération entre la Chine et les îles Salomon en matière de sécurité comprend l’aide au maintien de l’ordre social, la protection de la vie et des biens des personnes, ainsi que l’aide humanitaire et la réponse aux catastrophes naturelles conformément à la loi, à la demande des îles Salomon. L’objectif est d’aider les îles Salomon à renforcer les capacités de la police, à combler le déficit de gouvernance en matière de sécurité et à maintenir la stabilité intérieure ainsi qu’une paix et une sécurité durables. La coopération entre la Chine et les îles Salomon en matière de sécurité est au-delà de tout soupçon. Elle n’a été imposée à personne, ne vise aucune tierce partie et n’a pas l’intention d’établir une base militaire. 

Troisièmement, la coopération va de pair avec les accords régionaux. La Chine soutient les pays insulaires du Pacifique dans le renforcement de la coopération en matière de sécurité et leurs efforts conjoints pour relever les défis de la sécurité régionale. La Chine soutient également les arrangements de coopération en matière de sécurité régionale existants. Dans le même temps, la coopération en matière de sécurité entre la Chine et les îles Salomon et les arrangements régionaux existants se complètent, partageant les mêmes objectifs et intérêts. La coopération en matière de sécurité entre la Chine et les îles Salomon est conforme aux intérêts communs des îles Salomon et de la région du Pacifique Sud.

Les dirigeants des îles Salomon ont déclaré que la Chine était devenue le plus grand partenaire d’infrastructure et un partenaire de développement fiable des îles Salomon. Ils ont remercié la Chine d’avoir fourni des fournitures antiépidémiques et des équipements de test rapide et d’avoir envoyé des équipes médicales aux îles Salomon. Ils ont également apprécié la fourniture en temps utile par la Chine de matériel de police et l’envoi de conseillers de police pour aider à maintenir la sécurité sociale après les émeutes qui ont eu lieu à Honiara. La coopération entre les îles Salomon et la Chine est fondée sur le traitement d’égal à égal et le respect mutuel, avec des liens de plus en plus étroits dans divers domaines qui apportent des avantages tangibles au peuple des îles Salomon. 

Au cours de sa visite, le conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères Wang Yi a également exposé la position de la Chine sur le développement des relations avec les pays insulaires du Pacifique. Il a souligné que la Chine continuera à suivre quatre principes lors du développement des relations avec les pays insulaires du Pacifique.

Premièrement, le traitement d’égal à égal. La Chine soutient toujours que tous les pays, grands ou petits, sont égaux. Lorsqu’elle développera des relations amicales avec les pays insulaires du Pacifique, la Chine respectera la justice tout en poursuivant des intérêts communs et suivra le principe de sincérité, de résultats réels, d’amitié et de bonne foi. La Chine considère les pays insulaires du Pacifique comme une partie importante de la coopération Sud-Sud et un partenaire important dans la construction d’une communauté de destin pour l’humanité.

Deuxièmement, le respect mutuel. La Chine respecte toujours la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays insulaires du Pacifique, ainsi que les efforts déployés par les peuples de ces pays pour explorer des voies de développement adaptées à leurs conditions nationales. Dans le cadre de nos échanges et de notre coopération avec les pays insulaires du Pacifique, nous ne nous immisçons jamais dans leurs affaires intérieures, nous n’imposons jamais de conditions politiques et nous ne recherchons jamais d’intérêts géopolitiques.

Troisièmement, la coopération gagnant-gagnant. La Chine continuera à être un défenseur, un bâtisseur et un promoteur du développement des pays insulaires du Pacifique. La Chine reste déterminée à approfondir la coopération pragmatique avec les pays insulaires du Pacifique dans divers domaines et à aider sincèrement ces pays à développer leur économie, à améliorer le bien-être de leur population et à renforcer leur capacité de développement autonome, ainsi qu’à partager les dividendes du développement de la Chine avec les peuples des pays insulaires du Pacifique.

Quatrièmement, l’ouverture et l’inclusion. La région du Pacifique Sud devrait être une scène de coopération, plutôt qu’une arène de compétition vicieuse. La coopération de la Chine avec les pays insulaires du Pacifique ne vise aucun pays et ne sera perturbée par aucun pays. Dans le même temps, nous respectons les différents liens que les pays insulaires du Pacifique ont établis avec d’autres pays, et nous sommes ouverts à davantage de coopération tripartite avec d’autres pays régionaux et extrarégionaux.

En ce qui concerne votre question sur la visite virtuelle du conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères Wang dans les États fédérés de Micronésie (EFM), nous publierons les informations pertinentes en temps utile. En ce qui concerne la signature du Traité de libre association entre les EFM et les États-Unis, comme vous l’avez mentionné, nous n’avons aucune objection à une coopération normale entre les pays, mais nous espérons que cette coopération ne visera pas une tierce partie. 

AFP : Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a appelé hier à une concurrence vigoureuse avec la Chine pour préserver l’ordre international existant. Il a déclaré que la Chine représentait le défi le plus sérieux à long terme pour l’ordre international. Avez-vous un commentaire à faire à ce sujet ?

Wang Wenbin : Dans son discours verbeux, le secrétaire d’État Blinken s’est donné beaucoup de peine pour répandre la désinformation, exagérer la soi-disant « menace chinoise », s’immiscer dans les affaires intérieures de la Chine et salir la politique intérieure et étrangère de la Chine. Le seul but est de contenir et de réprimer le développement de la Chine et de maintenir l’hégémonie américaine. La Chine exprime son fort mécontentement et sa ferme opposition à cet égard. Je tiens à souligner ce qui suit :

Premièrement, l’humanité vit désormais dans une nouvelle ère de connectivité, où tous les pays partagent un avenir commun et où leurs intérêts sont étroitement liés. La recherche de la paix, du développement et de résultats gagnant-gagnant est une tendance irrésistible de notre époque. Face à des changements inédits depuis un siècle, nous devons nous serrer les coudes et promouvoir la solidarité et la coopération si nous voulons maintenir la paix et la stabilité dans le monde, relever le défi de la COVID-19 et revitaliser l’économie mondiale. La dramatisation par la partie américaine de la soi-disant « menace chinoise » ne pourra pas résoudre ses propres problèmes et ne fera que conduire le monde vers un dangereux abîme. 

Deuxièmement, les États-Unis confondent complètement le blanc et le noir lorsqu’ils qualifient la Chine de « défi le plus sérieux à long terme pour l’ordre international ». La Chine était, est et restera un défenseur de l’ordre international. Nous défendons le système international centré sur les Nations unies, l’ordre international fondé sur le droit international et les normes fondamentales régissant les relations internationales basées sur les buts et principes de la Charte des Nations unies. Les esprits clairvoyants peuvent facilement voir que le soi-disant « ordre international fondé sur des règles » n’est rien d’autre qu’un ensemble de « règles intérieures » établies par les États-Unis et une poignée d’autres pays pour maintenir le soi-disant « ordre » dirigé par les États-Unis. Les États-Unis placent toujours leur droit national au-dessus du droit international et sélectionnent les règles internationales comme bon leur semble, de manière pragmatique. C’est la plus grande source d’instabilité de l’ordre international.  

Troisièmement, la paix, le développement, l’équité, la justice, la démocratie et la liberté sont les valeurs communes de l’humanité. La démocratie et les droits de l’homme ont des contextes historiques, spécifiques et pratiques. Les pays ne peuvent qu’explorer les voies appropriées à la lumière des réalités nationales et des besoins de leur peuple. Il n’existe pas de modèle unique. Aucun pays n’a le droit de monopoliser la définition de la démocratie et des droits de l’homme, de faire la leçon aux autres sur ces questions ou de s’immiscer dans les affaires intérieures d’autres pays sous prétexte de droits de l’homme. Avec leur bilan déplorable, les États-Unis accusent un déficit en matière de démocratie et de droits de l’homme. Sont-ils en mesure de se poser en défenseurs de la démocratie et des droits de l’homme et de critiquer les autres pays sur ces questions ? 

Quatrièmement, la Chine défend le principe de consultations amples, de contributions conjointes et de bénéfices partagés, et estime que l’avenir du monde doit être décidé par tous les pays ensemble. Les pays doivent construire des partenariats caractérisés par le traitement d’égal à égal, la consultation mutuelle et la compréhension mutuelle. Les grands pays devraient prendre l’initiative de frayer une nouvelle voie dans le développement des relations interétatiques, celle du dialogue et du partenariat, et non de la confrontation et de l’alliance. Créer des « petites cliques », c’est inverser le cours de l’histoire. Forger des « petits blocs » va à l’encontre de la tendance de l’histoire. Les États-Unis créent la soi-disant « stratégie indo-pacifique » afin de rallier les pays de la région pour contenir la Chine, et prétendent « façonner l’environnement stratégique autour de Beijing ». Cette tentative de se liguer contre la Chine ne recevra aucun soutien et est vouée à l’échec.

Cinquièmement, la diplomatie chinoise défend et pratique les cinq principes de la coexistence pacifique, s’engage à établir et à développer des relations d’amitié et de coopération avec tous les pays, préconise l’égalité de tous les pays, quelle que soit leur taille, et s’oppose à l’imposition de sa propre volonté aux autres. L’étiquette de « diplomatie coercitive » ne peut en aucun cas être collée à la Chine. Les États-Unis sont l’inventeur et le synonyme de la « diplomatie coercitive ». Ceux qui sont contraints par les États-Unis peuvent être grands ou petits, proches ou éloignés, amis ou ennemis. L’obsession américaine de l’intimidation a fait profondément souffrir la communauté internationale. Il est grand temps que les États-Unis se débarrassent de cette vieille habitude.

Sixièmement, les questions relatives à Taïwan, au Xinjiang, à Hong Kong et au Tibet relèvent purement des affaires intérieures de la Chine. La résolution de la question de Taïwan et la réalisation de la réunification totale de la patrie constituent l’aspiration commune et la ferme volonté de tout le peuple chinois. Il n’y a pas de place pour un quelconque compromis. Les États-Unis ont déclaré qu’ils ne soutenaient pas l’« indépendance de Taïwan », mais ils font tout le contraire. Les États-Unis n’ont cessé de violer l’engagement politique qu’ils ont pris envers la Chine, en essayant de vider le principe d’une seule Chine et d’enhardir les forces sécessionnistes de Taïwan. De telles actions visent à modifier le statu quo et constituent de graves menaces pour la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan. Les questions liées au Xinjiang concernent essentiellement la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme et le séparatisme. Les accusations de « génocide » et de « travail forcé » sont depuis longtemps des mensonges avérés du siècle. Les États-Unis risquent leur propre crédibilité en insistant sur la diffusion de ces mensonges. Hong Kong fait partie de la Chine. Lorsque nous mettons en œuvre la politique d’« administration de Hong Kong par les Hongkongais », nous suivons la Constitution chinoise et la Loi fondamentale de Hong Kong, et non la Déclaration commune sino-britannique. Nous demandons instamment aux États-Unis de se conformer aux normes fondamentales régissant les relations internationales, de cesser d’utiliser les questions susmentionnées pour s’ingérer dans les affaires intérieures de la Chine et de cesser de répandre des mensonges et de la désinformation. Nous avertissons solennellement la partie américaine de ne pas sous-estimer la ferme détermination, la forte volonté et la grande capacité du peuple chinois à défendre la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale. 

Septièmement, tout en parlant de concurrence avec la Chine, les États-Unis abusent en fait du concept de sécurité nationale pour imposer des sanctions unilatérales illégales, exercer une juridiction au bras long et chercher le découplage et la rupture de la chaîne industrielle, ce qui a gravement porté atteinte aux droits et intérêts légitimes des entreprises chinoises et privé d’autres pays du droit au développement. Il ne s’agit en aucun cas d’une « concurrence responsable », mais plutôt d’une répression et d’un endiguement sans scrupules. Pour que les relations sino-américaines sortent de cette situation difficile, il faut que la partie américaine abandonne sa manie des jeux à somme nulle, renonce à son obsession d’encercler et de contenir la Chine et cesse de saper les relations sino-américaines.

Les relations sino-américaines se trouvent aujourd’hui à une croisée des chemins importante. Antagonisme et confrontation ou dialogue et coopération ? Bénéfice mutuel et coopération gagnant-gagnant ou jeu à somme nulle ? La partie américaine doit faire les bons choix en gardant à l’esprit les intérêts communs des peuples des deux pays et du monde entier. Ils doivent mettre en œuvre la déclaration du président Biden selon laquelle : les États-Unis ne cherchent pas à faire une nouvelle guerre froide avec la Chine ; ils ne visent pas à changer le système chinois ; la revitalisation de leurs alliances ne vise pas la Chine ; les États-Unis ne soutiennent pas l’« indépendance de Taïwan » ; et ils n’ont aucune intention d’entrer en conflit avec la Chine. Nous avons noté que le secrétaire d’État Blinken a déclaré dans son discours que les États-Unis ne recherchent pas un conflit ou une nouvelle guerre froide avec la Chine ; ils ne cherchent pas à bloquer la Chine dans son rôle de grande puissance, ni à l’empêcher de développer son économie ; et ils veulent coexister pacifiquement avec la Chine. Nous verrons ce que les États-Unis feront. 

China Daily : Récemment, certaines personnes dans certains pays occidentaux ont accusé la Chine d’« accaparer des céréales » sur le marché international. Ils demandent à la Chine de prendre davantage d’actions pour assurer la sécurité alimentaire mondiale. Avez-vous un commentaire à faire ?

Wang Wenbin : Le gouvernement chinois attache toujours une grande importance à la question de la sécurité alimentaire. Nous suivons une vision de la sécurité alimentaire centrée sur « l’autosuffisance de l’approvisionnement en céréales et la sécurité absolue des céréales de base ». L’année 2021 marque la septième année consécutive où la Chine a assuré une production annuelle de céréales de plus de 1 300 milliards de jin (650 millions de tonnes). La Chine est le premier producteur et le troisième exportateur de céréales au monde. Nous avons la capacité et la confiance d’être autonomes pour assurer notre propre approvisionnement alimentaire. Il est inutile pour la Chine d’« accaparer des céréales » sur le marché international. 

La Chine a réussi à nourrir un cinquième de la population mondiale en assurant un quart de la production alimentaire mondiale totale avec moins de 9 % des terres arables du monde. Cette réussite est en soi une contribution importante à la sécurité alimentaire mondiale. Dans le même temps, la Chine a fait preuve de sens de responsabilité en tant que grand pays et a contribué de manière positive à la sécurité alimentaire mondiale. Dans le cadre de l’Initiative pour le développement mondial proposée par la Chine, la sécurité alimentaire est devenue l’un des huit domaines prioritaires de coopération. Nous mobiliserons les efforts de toutes les parties à travers le monde pour tirer parti des avantages de chacun et mettre en commun nos forces pour atteindre tous les objectifs de développement durable, y compris la sécurité alimentaire. La Chine a toujours été un partenaire stratégique important de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans la coopération Sud-Sud. Ces dernières années, nous avons donné un total de 130 millions de dollars au programme de coopération Sud-Sud de la FAO. La Chine a envoyé un grand nombre d’experts et de personnel technique dans des pays d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes ainsi que dans les pays insulaires du Pacifique. Parmi tous les pays en développement, la Chine est celui qui a donné le plus de fonds, envoyé le plus d’experts et entrepris le plus de projets dans le cadre du programme de coopération Sud-Sud de la FAO. Depuis le début de la COVID-19, la Chine a répondu activement à l’appel de l’ONU et d’autres organisations internationales en fournissant une aide alimentaire d’urgence à de nombreux pays. La contribution de la Chine à la stabilisation de la production et de l’approvisionnement alimentaires mondiaux a été largement saluée par la communauté internationale. 

En outre, la Chine préconise activement la réduction des pertes et du gaspillage alimentaires. Si nous parvenons à réduire les pertes de nourriture d’un point de pourcentage, nous pourrons économiser jusqu’à 28 millions de tonnes de nourriture, soit suffisamment pour nourrir 70 millions de personnes. Le président Xi Jinping a souligné l’importance de l’économie des aliments à de nombreuses occasions. En 2021, la Chine a organisé la Conférence internationale sur les pertes et gaspillages alimentaires, qui a reçu un accueil chaleureux de la part de la communauté internationale, y compris les États membres du G20. 

Nous sommes tristes de constater que, dans de nombreux pays en développement souffrant de pénurie alimentaire, les gens n’ont pas assez à manger, tandis que dans certains pays développés, la nourriture n’est souvent pas consommée et est jetée à la poubelle. La quantité de nourriture gaspillée chaque année dans les pays développés est presque aussi importante que le total des aliments produits en Afrique subsaharienne. Selon le Ministère américain de l’Agriculture, le gaspillage alimentaire est estimé entre 30 et 40 % de l’approvisionnement alimentaire aux États-Unis. En 2018, le gaspillage alimentaire aux États-Unis a totalisé 103 millions de tonnes, pour une valeur approximative de 161 milliards de dollars. 

Nous exhortons les pays concernés à réduire le gaspillage alimentaire, à remplir les obligations internationales qui leur incombent et à assumer davantage de responsabilités internationales. Au lieu de se creuser les méninges pour créer des histoires au sujet d’autres pays, ils devraient bien faire leurs propres devoirs, faire des efforts sérieux pour économiser la nourriture, maintenir le fonctionnement régulier du commerce international des produits agricoles et aider les pays en développement à améliorer leur capacité de production alimentaire afin de maintenir la sécurité alimentaire mondiale. 

Plus la situation est difficile, plus il est important pour nous de renforcer la solidarité. À l’heure où la chaîne d’approvisionnement alimentaire internationale subit un impact, nous appelons tous les pays à assumer une responsabilité commune. Nous devons, d’une part, augmenter l’offre alimentaire en stabilisant la production, en réduisant les pertes de nourriture et en assurant un approvisionnement régulier et, d’autre part, réduire les pertes et le gaspillage alimentaires et faire des efforts sérieux en matière d’économie d’aliments afin de préserver la sécurité alimentaire mondiale. 

Kyodo News : Selon des reportages, des trains de marchandises transportant des fournitures médicales sont entrés en RPDC depuis Dandong, en Chine, jeudi soir. Pourriez-vous le confirmer ?

Wang Wenbin : Je ne suis pas au courant des informations que vous avez mentionnées. 

Bloomberg : Vous avez mentionné que le secrétaire d’État Blinken diffusait de la désinformation. Je me demande si vous pourriez nous en dire un peu plus à ce sujet, en nous donnant des exemples précis ou en nous expliquant à quoi vous faisiez référence lorsque vous avez parlé de désinformation. Deuxièmement, vous avez dit que la Chine verra ce que les États-Unis feront. Que veut la Chine que les États-Unis fassent ? Par exemple, en ce qui concerne Taïwan, qu’espère la Chine que les États-Unis fassent ?

Wang Wenbin : Permettez-moi de commencer par votre première question. Vous m’avez demandé de vous donner un exemple de ce que le secrétaire d’État Blinken a qualifié de désinformation. Voici un exemple typique. Le secrétaire d’État Blinken a déclaré que la Chine représentait « le défi le plus sérieux à long terme pour l’ordre international ». Il s’agit d’un exemple classique de désinformation.  

Les règles et l’ordre internationaux ont été clairement définis. La Chine a toujours affirmé que tous les pays devaient défendre fermement le système international centré sur les Nations unies, l’ordre international fondé sur le droit international et les normes fondamentales régissant les relations internationales basées sur les buts et principes de la Charte des Nations unies. La Chine a toujours été un ferme défenseur de l’ordre international. Le secrétaire d’État Blinken a déclaré que la Chine représentait « le défi le plus sérieux à long terme pour l’ordre international ». Comment appelez-vous cela, sinon de la désinformation ? 

Nous demandons instamment aux États-Unis de suivre l’exemple de la Chine et de déclarer clairement qu’ils soutiennent fermement le système international centré sur les Nations unies, l’ordre international fondé sur le droit international et les normes fondamentales régissant les relations internationales basées sur les buts et principes de la Charte des Nations unies, au lieu de salir et d’attaquer les autres.

Quant à votre deuxième question, j’ai clairement exposé la position de la Chine à l’instant. Nous demandons instamment aux États-Unis de garder à l’esprit les intérêts communs des peuples des deux pays et du monde entier. Ils devraient mettre en œuvre la déclaration du président Biden selon laquelle : les États-Unis ne cherchent pas à faire une nouvelle guerre froide avec la Chine ; ils ne visent pas à changer le système chinois ; la revitalisation de leurs alliances ne vise pas la Chine ; les États-Unis ne soutiennent pas l’« indépendance de Taïwan » ; et ils n’ont aucune intention d’entrer en conflit avec la Chine. Les États-Unis devraient travailler avec la Chine pour trouver un moyen pour nos deux grands pays de s’entendre dans un esprit de coexistence pacifique, de respect mutuel et de coopération gagnant-gagnant.

Shenzhen TV : Selon des reportages, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a déclaré lors de la conférence annuelle du Forum économique mondial que les États-Unis et l’OTAN étaient impliqués dans les actions qui ont provoqué la guerre de Moscou contre l’Ukraine. L’Iran soutient la résolution du conflit Russie-Ukraine par le dialogue et les moyens diplomatiques. Quel est le commentaire de la Chine ?

Wang Wenbin : La Chine a pris note des déclarations du ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian. Cela montre une fois de plus que la communauté internationale a une compréhension lucide et objective de la responsabilité que les États-Unis doivent assumer dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine.

En fait, parmi les plus de 190 membres des Nations unies, plus de 140 pays, où vivent plus de six milliards de personnes, ont refusé d’imposer des sanctions à la Russie. La grande majorité des pays du monde désapprouve l’imposition de sanctions unilatérales et de la juridiction au bras long sans fondement dans le droit international ou en l’absence du mandat du Conseil de sécurité, et rejette le fait de prendre parti ou de s’engager dans une confrontation des blocs. 

Les États-Unis devraient écouter la voix objective et juste au sein de la communauté internationale, réfléchir sérieusement à la responsabilité qui leur incombe dans la crise ukrainienne et entamer dès que possible des négociations globales avec la Russie afin de créer les conditions pour un règlement politique de la crise. Ils ne doivent pas regarder le feu brûler de loin et encore moins en attiser la flamme.

Bloomberg : Selon des reportages, les Fidji vont rejoindre le Cadre économique indo-pacifique lancé par les États-Unis. C’est le premier pays insulaire du Pacifique à le faire. Avez-vous des commentaires à faire à ce sujet ?

Wang Wenbin : Récemment, nous avons exposé la position de la Chine sur le « Cadre économique indo-pacifique » à de multiples occasions. L’Asie-Pacifique doit devenir le chef de file de la paix et du développement, et non un échiquier de compétition géopolitique. Une initiative qui contribue véritablement au développement régional devrait respecter les principes d’ouverture, d’inclusion, de bénéfice mutuel et de résultats gagnant-gagnant, au lieu d’être utilisée pour ériger des murs, créer des divisions et attiser la confrontation. Telle est la voix commune des pays de la région. La Chine est prête à travailler avec les autres pays de la région pour pratiquer le véritable multilatéralisme, construire une économie régionale ouverte et faire de la région Asie-Pacifique un beau foyer.

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