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Journal le Diplomate: Interview avec S.E.M. BIAN Jianqiang, Ambassadeur de Chine en Guinée

2015-10-09 23:26
 

« Malgré les difficultés, les fondamentaux de notre économie se portent bien et le fonctionnement économique reste stable …Donc, les reportages pour prêcher le ''déclin de la Chine'' de certains médias qui ne reflètent pas la réalité de l'économie chinoise sont un peu trop exagérés ».

Très confiant de la performance de l'économie de son pays, l'Ambassadeur de la Chine en Guinée, S.E.M. BIAN JIANQIANG apporte dans les lignes qui suivent d'édifiantes précisions face aux élucubrations de certains medias, notamment occidentaux qui vont jusqu'à parler du déclin de la Chine. En outre, le numéro Un de l'Empire du milieu en Guinée n'a manqué de louer l'amitié multiséculaire qui lie son pays à la Guinée. ''La Guinée est le premier pays d'Afrique sub-saharienne à établir des relations diplomatiques avec la Chine, tandis que la Chine est l'un des premiers pays du monde à reconnaître l'indépendance de la Guinée'', rappelle le Diplomate chinois. Bref, nous vous invitons à lire entre les lignes cette importante interview.

Le Diplomate : Excellence, récemment la Bourse chinoise a connu des fluctuations considérables alors que le taux de change du Yuan RMB a chuté de manière tangible. L'économie chinoise fait face à une pression baissière accrue, ce qui a attiré l'attention des médias internationaux, certains d'entre eux ont même commencé à prêcher le « déclin de la Chine ». Quel est votre point de vue là-dessus?

S.E.M. BIAN JIANQIANG : En 2014, le PIB de la Chine a dépassé pour la première fois 10 billions de dollars US, soit une croissance de 7.4%. La Chine est ainsi devenue, après les États-Unis, le deuxième pays du « Club de 10 billions de dollars ». Face à une conjoncture économique complexe à l'intérieur comme à l'extérieur et à de nouvelles pressions dans le fonctionnement économique du pays, la Chine a continué à progresser à pas rassurés, tout en prenant une série de politiques et mesures innovantes, comme par exemple, procéder à une planification générale pour maintenir la croissance régulière, la restructuration économique et la promotion de réforme. L'économie chinoise, dont les indicateurs majeurs s'améliorent, progresse dans la régularité, s'oriente vers la bonne direction dans un contexte de modération de son rythme de croissance, a évolué dans une fourchette raisonnable et a réalisé une croissance de 7% au premier semestre de cette année, l'une des plus fortes croissances du monde. Étant toujours un moteur important de la croissance mondiale, la Chine joue, comme par le passé, un rôle majeur dans la reprise de l'économie mondiale. Après 30 ans de croissance à grande vitesse, l'économie chinoise a fait un miracle dans l'histoire de développement du monde, et est entrée actuellement dans la phase de croissance moyennement élevée. Certes, une croissance de 7.5% est inférieure par rapport au taux de croissance à deux chiffres d'autrefois, mais au niveau mondial elle reste encore forte parmi les principales économies du monde. En tenant compte de la transition et du perfectionnement de l'économie chinoise, dont le volume économique global devient beaucoup plus important, et d'une relative baisse que connaît son taux de croissance potentiel, il convient aux règles de développement économique que la croissance à grande vitesse de l'économie chinoise passe à la croissance moyennement élevée. Ceci dit, à mon avis, malgré les difficultés, les fondamentaux de notre économie se portent bien et le fonctionnement économique reste stable. La Chine est complètement capable de renforcer la dynamique économique et d'accomplir les principaux tâches et objectifs de développement socio-économique. Les reportages pour prêcher le « déclin de la Chine » de certains médias qui ne reflètent pas la réalité de l'économie chinoise sont un peu trop exagérés.

Le Diplomate : Vous soutenez que l'économie chinoise est en cours de transition. Pourriez-vous nous présenter sa situation actuelle et quel est l'avenir pour l'économie chinoise ?

S.E.M. BIAN JIANQIANG : Effectivement, comme ce qu'a dit le Premier Ministre chinois M. Li Keqiang au 9e Forum de Davos d'Été, à l'heure actuelle, l'économie chinoise ne pourra réaliser un développement durable qu'à condition de mener des réformes structurelles. Depuis la mise en œuvre de la politique de réformes et d'ouverture sur l'extérieur, la Chine a remporté des succès éclatants dans son édification nationale et dans son développement socio-économique du pays, marqués par des changements prodigieux, tout en se débarrassant historiquement de la pauvreté et de la fragilité, et a réussi à se classer parmi les puissances économiques mondiales. Dans le même temps, nous sommes pleinement conscients du fait que la Chine, le plus grand pays en développement et la deuxième économie du monde, ne se situe qu'au 80e rang avec un PIB par habitant de 7 589 dollars dans le classement des pays par PIB par habitant et qu'il existe des problèmes de manque de coordination, de non-durabilité et de déséquilibre régional dans son développement économique. Pour réaliser la modernisation, la Chine a encore de nombreux difficultés et défis à affronter et un chemin long et dur à parcourir. La transformation et la montée en gamme de son économie constituent la seule voie à suivre pour passer un grand pays en économie au rang des puissances économiques. Pour y arriver, la Chine procède actuellement, avec des résultats positives, à la restructuration économique en vue d'élargir la demande intérieure, au développement coordonné interrégional et celui entre les villes et les campagnes, ainsi qu'à la promotion au même rythme de l'industrialisation, de la nouvelle urbanisation, de l'informatisation et de la modernisation de l'agriculture, et à la stimulation en priorité du secteur tertiaire. Dans l'avenir, la Chine continuera à approfondir globalement la réforme et à transformer le mode de développement économique pour que le rôle déterminant du marché dans la distribution des ressources soit exploité et que le gouvernement joue mieux son rôle. C'est ainsi que la Chine augmente constamment la qualité et la rentabilité de son économie et accroît l'énergie potentiel pour le développement économique. L'économie chinoise dispose donc d'un énorme potentiel, d'une marge de manœuvre et d'une ténacité qui lui offre une perspective prometteuse en garantissant la croissance moyennement élevée.

Le Diplomate : Comme ce que vous avez dit tout à l'heure, la Chine a remporté de succès remarquables dans le domaine du développement socio-économique du pays. Quels sont donc les objectifs qu'elle se fixe pour l'avenir ?

S.E.M. BIAN JIANQIANG : Depuis la tenue en 2012 du XVIIIe Congrès du Parti communiste chinois (PCC), la nouvelle équipe dirigeante centrale ayant Camarade Xi Jinping comme Secrétaire générale a avancé le « rêve chinois », celui d'un pays puissant, du renouveau de la nation et d'un peuple heureux, et établi les objectifs des « deux centenaires », soit d'ici 2020, au centenaire de la création du PCC, doubler le PIB et le revenu par habitant en ville comme en campagne sur la base du niveau de 2010, porter le PIB par habitant à environ 10 000 dollars US et parachever la construction sur tous les plans de la société de moyenne aisance bénéficiant à plus d'un milliard de personnes, et d'ici 2049, au centenaire de la fondation de la République populaire de Chine, parachever la construction d'un pays socialiste moderne, prospère, démocratique, harmonieux et hautement civilisé. Et le peuple chinois, animé de la gloire et du rêve, est en train d'y œuvrer.

Le Diplomate : Ces dernières années, la coopération sino-africaine est en plein essor en montrant un fort élan de développement. Quelle est justement votre sur ces relations ?

S.E.M. BIAN JIANQIANG : Liées par un passé similaire et des valeurs et idées proches, l'Afrique, le continent rassemblant le plus grand nombre de pays en développement, et la Chine, le plus grand pays en développement, sont des partenaires stratégiques importants. Le gouvernement chinois est très attaché aux relations sino-africaines. En 2013, le Président Xi Jinping a effectué une visite en Afrique et avancé le principe « sincérité, pragmatisme, amitié et franchise » sur le développement de ces relations. En 2014, le Premier Ministre Li Keqiang a proposé, lors de sa tournée en Afrique, le cadre « 4-6-1 » pour promouvoir ensemble avec la partie africaine la coopération Chine-Afrique. Par 4, on entend quatre principes de coopération : se traiter en sincérité et d'égal à égal, renforcer la solidarité et la confiance mutuelle, rechercher ensemble un développement inclusif et innover dans la coopération pragmatique. Le chiffre 6 correspond aux six domaines prioritaires que sont l'industrie, les finances, la réduction de la pauvreté, la protection de l'environnement, les échanges humains, la paix et la sécurité. Et enfin le 1 se rapporte à la plate-forme qu'est le Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA). Ce cadre « 4-6-1 » a pour but de répondre aux nouveaux besoins de l'Afrique en matière de développement, faire monter en gamme la coopération sino-africaine et porter le partenariat stratégique Chine-Afrique de type nouveau à un niveau plus élevé. Un sommet du FCSA se tiendra en décembre prochain en Afrique du Sud. La Chine entend saisir l'opportunité ainsi offerte et travailler ensemble avec l'Afrique pour consolider les acquis de leur coopération, l'étendre vers de nouveaux domaines, la porter à un niveau supérieur et la faire bénéficier à toutes les deux parties.

Le Diplomate : Selon certains reportages, des difficultés et des défis auxquels l'économie chinoise fait face pourraient causer des effets négatifs à la coopération économique et commerciale avec l'Afrique. Quel est votre commentaire là-dessus?

S.E.M. BIAN JIANQIANG : L'économie chinoise contribue à la croissance mondiale à hauteur d'environ 30% en 2014. Le développement de la Chine non seulement bénéficie au peuple chinois, mais aussi offre des opportunités de développement à un nombre croissant de pays, y compris certainement des pays africains qui ont d'étroites relations d'amitié et de coopération avec la Chine. La politique chinoise de coopération avec l'Afrique est permanente, stable et stratégique. La Chine a la volonté et la capacité d'intensifier sa coopération avec l'Afrique, et entend appuyer activement le processus de l'industrialisation de l'Afrique à travers la coopération en matière de capacité de production et d'autres manières pour finalement promouvoir le développement durable de l'Afrique et réaliser la coopération gagnant-gagnante et le développement partagé sino-africains. Nous avons toutes les raisons de croire qu'avec les efforts conjugués de la Chine et de l'Afrique, la coopération sino-africaine continuera à s'approfondir encore davantage et les peuples chinois et africains, main dans la main, pourront construire ensemble un bel avenir.

Le Diplomate : Quel est votre appréciation sur les relations entre la Chine et la Guinée ?

S.E.M. BIAN JIANQIANG : La Chine et la Guinée sont liées par une amitié traditionnelle, marquée par une confiance mutuelle politique sans cesse renforcée, des échanges humains plus intenses et une coopération mutuellement bénéfique toujours plus fructueuse. La Guinée est le premier pays d'Afrique sub-saharien à établir des relations diplomatiques avec la Chine, tandis que la Chine est l'un des premiers pays du monde à reconnaître l'indépendance de la Guinée. Depuis l'établissement de leurs relations diplomatiques il y a 56 ans, les deux pays ont partagé heurs et malheurs et se sont témoigné mutuellement confiance et soutien, et malgré les aléas internationaux, leurs relations bilatérales ont connu toujours un développement sain et régulier, ce qui est exemplaire pour la coopération Sud-Sud. Dans la lutte contre l'épidémie Ebola qui a éclaté début 2014, le Gouvernement et le Peuple chinois sont toujours aux côtés du Gouvernement et du Peuple guinéens. Le Gouvernement chinois a aidé énergiquement la Guinée à lutter contre l'épidémie, en lui fournissant une série d'assistances financières, matérielles et alimentaires, en y dépêchant des experts de santé publique, et en formant pour elle 1 500 médecins, soignants et agents communautaires. En même temps, environ dix mille Chinois, y compris la mission médicale, employés et ressortissants, restent fermes à leur poste en Guinée, et tous les projets exécutés par les entreprises chinoises se sont déroulés normalement, ce qui manifeste la solidarité fraternelle à toute épreuve entre les peuples chinois et guinéen. J'ai la conviction que grâce aux efforts conjugués de part et d'autre, les relations d'amitié et de coopération entre la Chine et la Guinée accéderont sans cesse à de nouveaux paliers et leur coopération mutuellement bénéfique donnera certainement des fruits encore plus abondants au bénéfice des deux peuples.

Le Diplomate : Quels sont les fruits de la récente visite du Ministre des affaires étrangères WANG Yi en Guinée.?

S.E.M. BIAN JIANQIANG : Actuellement, le peuple guinéen a remporté une victoire décisive sur l'épidémie et commencé à redresser l'économie nationale dans la période post-Ebola. Dans un tel contexte, le Ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a effectué une visite officielle en Guinée en août dernier et affirmé le ferme soutien du gouvernement et du peuple chinois non seulement aux efforts du peuple guinéen contre Ebola, mais aussi à la relance socio-économique post-Ebola en Guinée. Durant sa visite, il a avancé la proposition d'aider la Guinée à instaurer trois systèmes de développement, soit l'industrie autonome, la sécurité alimentaire et la prévention des épidémies en matière de santé publique, afin de régler les trois questions de bien-être social que sont l'emploi, la nourriture et la santé. En un mot, cette visite a beaucoup contribué à l'approfondissement des relations traditionnelles d'amitié et de coopération entre la Chine et la Guinée, et a remporté de grands succès.

Le Diplomate : Vu les relations économique et commerciale sino-guinéennes toujours plus étroites, à votre avis, quel est le rôle joué par les échanges économiques et commerciaux dans le développement des relations bilatérales ? Et comment vous voyez les perspectives de la coopération bilatérale ?

S.E.M. BIAN JIANQIANG : Comme ce que vous avez dit, ces dernières années, le développement des relations sino-guinéennes sont en plein essor et la coopération bilatérale s'étend sans cesse à de nouveaux secteurs au bénéfice des deux peuples. Pour l'année 2015, la coopération économique et commerciale entre les deux pays est très abondante. Depuis le début de l'année courante, les travaux du Plaza Diamant et de la Centrale hydroélectrique de Kaléta ont été achevés dans les délais, et les autres projets tels que le Backbone national à fibre optique et l'exploitation des bauxites à Boké ont été lancés l'un après l'autre. A part de tous ces projets, s'ajoute l'Hôtel Kaloum dont les travaux ont été terminés. Tout cela fait preuve d'une vaste perspective sans précédent dans la coopération économique et commerciale mutuellement avantageuse entre nos deux pays. La Guinée est dotée de riches ressources minières, agricoles et hydrauliques, et la Chine, des avantages financiers et techniques, les deux pays sont fort complémentaires sur le plan économique et ont devant eux un énorme potentiel de coopération. Étant une composante importante des relations sino-guinéennes, la coopération économique et commerciale joue un rôle irremplaçable dans la promotion du niveau de coopération pragmatique et mutuellement bénéfique entre les deux pays , la partie chinoise entend encourager plus d'entreprises chinoises performantes et crédibles à investir en Guinée pour intensifier encore davantage la coopération bilatérale dans divers domaines, établir un partenariat gagnant-gagnant, promouvoir sans cesse le développement des relations bilatérales, et bâtir ensemble un avenir plus radieux de la coopération entre les deux pays, ce qui est dans l'intérêt de nos deux peuples.

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